Château Lascombes

France > Nouvelle-Aquitaine > Margaux-Cantenac

Les origines de Lascombes seraient liées à la châtellenie de Blanquefort détenue par la famille Durfort de Duras au XIVe siècle. L'historique du château est issue de l'étude menée en 2015-2016 par l'archiviste Nicolas Rubisiak (conservée au château).

C'est Jean de Lascombes, fils d'Antoine de Lascombes, qui donne son nom à ces terres de Segonnes. L'ascension sociale de cette famille de parlementaires bordelais se traduit par le mariage de Jean, le 26 août 1679, avec Louise de Rauzan, fille de Pierre Desmesures de Rauzan et Jeanne Moncourier. Et le 22 juillet 1681, il achète à Marie de Raymond, veuve du Bourgeois de Bordeaux François Freychinet, le domaine de Segonnes à Margaux pour 12000 livres. Jean, qui est d'abord procureur du roi au Parlement de Bordeaux par héritage de son père, devient procureur du roi en l'Amirauté de Guyenne et siège à la Table de marbre du palais de la dite Amirauté.

En 1728, son fils également dénommé Jean hérite du domaine qui est au milieu du 18e siècle divisé entre ses 4 enfants : Pierre Ogier, Jean-François, Jean Pierre Ogier et Anne.

En 1760, la moitié du domaine de Segonnes est vendue à Georges Ainslié : s'agit-il de l'actuelle chartreuse de Segonnes ? Est-ce ce partage qui a entraîné la construction d'une autre demeure, aujourd'hui correspondant au château Lascombes ?

Le 13 thermidor de l'an IV (31 juillet 1796), une maison et 31 journaux de vignes sont vendus comme biens nationaux à Jacques Bonie. Au début du 19e siècle, le domaine de Lascombes (également appelé de Segonnes) passe entre les mains de négociants, Walter Johnston puis Jean-Baptiste Loriague.

Le 2 juillet 1844, Louis Anselme Hue devient propriétaire du Domaine de Lascombes par adjudication judiciaire, qui revient par la suite à sa fille, Marie Hue, épouse Petit.

Sur le plan cadastral de 1826, la demeure est accompagnée d'un long bâtiment en retour abritant les chais. Vers 1866, Édouard Guillon indique que "c´est une construction très modeste, précédée d´un petit jardin". L'illustration publiée dans l'ouvrage de Cocks en 1868 ne permet pas de découvrir le bâtiment dans son ensemble : il semble toutefois que la demeure en rez-de-chaussée correspondait alors au modèle de la chartreuse. De ce bâtiment serait conservés le rez-de-chaussée accolé à la façade sud ouvert de baies à arc segmentaire et une partie de l'aile des chais en retour d'équerre.

L'ensemble est remanié et agrandi dans la 2e moitié du 19e siècle : Gustave Louis Chaix d'Est-Ange (1800-1876), célèbre bâtonnier, Vice-Président du Conseil d’Etat, sénateur et Grand Officier de la Légion d'honneur, achète le domaine le 13 septembre 1867. A sa mort, son fils, Gustave Gaspard Chaix D'Est-Ange (1832-1887), en hérite.

Des travaux sont confiés à l'architecte Louis-Michel Garros, qui propose un projet dans un style néo-anglais, habituellement daté de 1875.

Toutefois, les plans de l'architecte ne portent pas de date et l'illustration de la nouvelle demeure n'apparaît que dans l'édition de 1893 de l'ouvrage de Cocks et Féret ; dans l'édition précédente, en 1881, c'est encore l'ancienne chartreuse qui est représentée.

Les travaux se sont peut-être déroulés en deux temps : la chartreuse d'origine aurait été doublée sur la façade nord-ouest avec l'ajout d'une tourelle (peut-être en 1875?) ; puis une chambre et une bibliothèque sont ajoutées à l'ouest. Les travaux sont probablement interrompus en 1887, à la mort de Gustave Gaspard Chaix d'Est-Ange, ce qui explique l'inachèvement du pavillon sud-est (pierres d'attente). Par ailleurs, la déclaration de succession datée du 7 novembre 1887 indique que "la valeur de cette propriété autrefois considérable est réduite à une importance moindre" à cause du phylloxéra. Louis-Michel Garros propose également les plans pour un logement secondaire, un bâtiment abritant probablement une écurie et le portail du château. En 1889, le domaine est aux mains de Jean-Jules Théophile Chaix d'Est-Ange, puis en 1923, du comte Emmanuel du Bourg de Bozas (fils adoptif de Chaix d'Estange). En 1952, la société appartient à Alexis Lichine. Suite à divers rachats et remembrements, la propriété se compose alors de 88 hectares lui permettant de produire de 200 à 270 tonneaux. Alexis Lichine y ouvre en 1961 une exposition contemporaine internationale de peinture et de sculpture, ayant pour thème la vigne et le vin. En 1971, l'ensemble est vendu à un groupe anglais, Bass Charrington. Le vaste cuvier est construit en 1986 puis restructuré sur quatre niveaux en 2001, époque à laquelle le domaine est racheté par le groupe américain Colony Capital. C'est également en 2001 qu'est construit le vaste chai à barriques.

Le château Segones qui appartient aujourd'hui à château Lascombes ne semble pas appartenir à la propriété au début du 20e siècle (voir plan). Il est peut-être rattaché au domaine lors de l'achat de Marquis d'Alesme Becker (14 ha) en 1919. C'est ainsi qu'il est dénommé sur des cartes postales de la même époque.

Périodes

Principale : 2e moitié 18e siècle (incertitude)

Principale : 3e quart 19e siècle

Principale : 1er quart 20e siècle

Principale : 4e quart 20e siècle

Principale : 1er quart 21e siècle

Dates

2001, porte la date

Auteurs Auteur : Garros Louis-Michel

Louis-Michel Garros (1833-1911) est diplômé de l’École des Beaux-Arts de Paris. Il installe son agence au 14 rue Lecoq à Bordeaux. Son fils Alexandre (1867-1953) prend sa suite, suivi par son propre fils Louis (1895-1956). Michel, fils de Louis, né en 1923, fait de même.

, architecte (attribution par travaux historiques)

Situé dans le quartier de Segones et entouré d'un parc, le château est accompagné des bâtiments de vinification et de logements secondaires.

La façade nord est composée de dix travées irrégulières et marquée par un avant-corps formant pignon à redents auquel est accolée une tour polygonale demi-hors-œuvre. Sur le rez-de-chaussée sont greffées des extensions, l'une donnant accès au vestibule, l'autre surmontée d'un toit terrasse avec un garde-corps à motifs polylobés donnant accès à la cuisine. Les baies du rez-de-chaussée présentent des formes variées (bow window, à traverse et meneaux, allèges avec tables décoratives, plates-bandes surmontées de tores, accolades). A l'étage, elles sont traitées de manière régulière avec un encadrement en pierres de taille harpées. La tour composée de trois niveaux est ornée de faux mâchicoulis. Les lucarnes présentent des frontons triangulaires à redents avec un motif de rond sculpté. La façade sud, inachevée, est composée d'un avant-corps formant pignon à redents sur lequel vient se greffer une tourelle circulaire avec des pierres d'attente, correspondant au pavillon prévu par Louis-Michel Garros mais jamais réalisé. Un rez-de-chaussée couvert d'un toit terrasse à balustrade est greffé sur le volume principal. Il est ouvert de larges baies en arc segmentaire et chambranle mouluré. La toiture du corps de logis est dotée de lucarnes, l'une d'elles étant traitée en baie géminée. Les pignons découverts présentent des redents. Le pignon oriental est aveugle exceptées deux baies qui encadrent le conduit des cheminées traité en ressaut. Le pignon occidental est percé en rez-de-chaussée d'une large baie à trois meneaux et traverse, à l'étage de deux baies à linteau droit mouluré et à accolade, surmontées d'une baie géminée. Un écu avec un lion dressé et couronné est sculpté au-dessus de la fenêtre du rez-de-chaussée. Les souches de cheminée sont en pierre de taille et présentent une forme polygonale. A l'intérieur, les tours n'abritent pas d'escalier : celui-ci, en bois, est situé au centre du bâtiment. Les anciens chais abritent aujourd'hui des locaux techniques (chaufferie, atelier, local du jardinier). Le nouveau chai est un vaste bâtiment de onze travées, la travée centrale formant pignon. A l'intérieur a été aménagé un espace accueillant les meilleures bouteilles du domaine. L'ensemble de style néoclassique est éclairé d'une lumière bleutée. Au sud-ouest se trouve le cuvier organisé selon quatre niveaux : le sous-sol avec cuves enterrées, le 2e niveau avec la zone de tri, le 3e niveau avec les cuves en inox et en bois et le 4e niveau permettant l'accès au haut des cuves. Un autre bâtiment abrite les machines permettant le conditionnement et l'expédition des bouteilles. Un logement secondaire de plan carré et couvert de tuiles plates présente des façades composées de trois travées, celle au centre formant pignon. Les encadrements de baies, les bandeaux, les jambes et chaînes d'angle sont traitées en pierre de taille. Le bâtiment, ayant peut-être abrité des écuries, est traité en rez-de-chaussée avec du moellon, le reste des maçonneries étant enduit. Ce bâtiment est doté d'une tour carrée et couvert de tuiles plates. Le parc qui se développe au nord du château est accessible par un portail à piliers maçonnés. Statues et bancs agrémentent cet espace arboré.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Revêtement : enduit

  3. Mise en oeuvre : pierre de taille

  4. Mise en oeuvre : moellon

Toits
  1. ardoise, tuile mécanique, tuile plate
Étages

1 étage carré, étage de comble, en rez-de-chaussée

Couvertures
  1. Type de couverture : terrasse

  2. Forme de la couverture : toit à longs pans

  3. Forme de la couverture : toit polygonal

  4. Partie de toit : pignon découvert

Escaliers
  1. Emplacement : escalier intérieur

    Forme : escalier tournant à retours avec jour

État de conservation
  1. bon état
Décors/Technique
  1. sculpture

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Margaux-Cantenac

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Segones

Cadastre: 1826 D3 1223 à 1229, 2008 AD 1, 2, 3, 5, 253, 254, 258

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